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Cela fait maintenant un peu plus de deux ans que la France compte dix-huit régions administratives. C’est l’heure de faire le point : qu’en pensent les pros ? Les habitants se sont-ils accommodés de leurs nouvelles bannières ? Petit tour d’horizon des noms et logotypes choisis… 

Stratégies recence dans son numéro d’avril l’avis de professionnels de la communication à ce sujet et le moins que l’on puisse en dire c’est qu’ils déplorent un faible travail de création, de consultation et de logique. Pourquoi ? Simplement parce que les nouvelles régions n’ont pas fait appel aux agences, aux communicants. Pire, le choix était offert aux politiques, aux habitants accrochés fermement à leurs racines… Est-ce si grave ? Probablement pas, mais c’est un dangereux cocktail qui a donné naissance à des accolades de noms à rallonge, des logos localo-locaux qui plaisent aux uns, mais excluent les autres…

Toujours difficile de faire face à l’absurdité des noms

Dans cette interview on évoque notamment le cas de l’ex Alsace Champagne-Ardennes Lorraine. Petit rappel : une consultation avait abouti à trois propositions, auxquelles s’était ajoutée « Grand-Est » à la demande des habitants. Si on considère les land allemands, la position européenne de la région et ses milliers de travailleurs frontaliers, ce dernier choix est un non-sens phénoménal. Le principe de ce re-branding de masse était de faire émerger la particularité du territoire par rapport au reste de l’Europe, pas par rapport aux voisins. C’est la charte graphique officielle qui le dit. Parce que oui. La région joliment dénommée « Grand Est » est située… à l’Ouest de l’Europe.

Le logo de la Région Grand Est, première région transfrontalière avec quatre pays voisins (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse), apparaît en lettres blanches sur un fond bleu. Il fait référence à la France et à l’Europe.

Une nouvelle identité pour la région Grand Est.
Ce n’est pas moi, c’est la page Facebook de la région Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine , qui le voulait …

Deux ans après, succès ou raté graphique ?

Certaines régions ont choisi de faire appel à leurs ressources, à commencer par les étudiants en écoles d’art ou en communication. C’est le cas de l’Occitanie ou encore des Hauts de France. Excellente idée qui a le mérite de laisser le choix final aux citoyens. Mais là encore les professionnels de la communication ne sont pas satisfaits : Aucun appel d’offre ? Des logos créés au grand dam des symboles historiques, culturels ?

À l’inverse, certaines régions se sont tournées vers leurs moyens internes mettant les professionnels comme les habitants devant le fait accompli, à l’image du Grand Est cité plus haut, ou encore la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces deux dernières ont essuyé bon nombre de critiques sur le visuel aussi bien de la part des habitants que des professionnels. Pire, le logo d’Auvergne-Rhône-Alpes (notez l’importance des tirets) a vite été victime de déformations et railleries sur les réseaux sociaux …

Toujours est-il que ces logos sont désormais bien ancrés dans les territoires et ont peu à peu effacé les restes de logos sur les plaques des établissements territoriaux. Seulement les citoyens ont-il réellement réussi à s’approprier ces nouveaux symboles ? Je vous laisse le soin de me répondre et me donner vos ressentis personnels en commentaires.

On peut tout de même constater et regretter une large uniformisation et un affaiblissement de la personnalité des logos et symboles. Il suffit de regarder l’image d’illustration que je vous ai compilée pour cet article : Bleu, ou rouge, avec de légères teintes vertes pour souligner la verdure des régions. (Ou toute autre justification fantaisiste que vous pourrez lire dans les différentes chartes graphiques).

Une entente sur les questions de budget

Dans le papier mentionné plus haut, personne ne veut se satisfaire du résultat. Comment peut-on alors juger de la pertinence de ces nouvelles entités territoriales ? Un point esquisse une réponse : le budget. Le coût que représente le changement de nom et de logos a l’échelle des territoires est colossal. Aussi les collectivités ont, semble-t-il, cherché à économiser sur la phase de création pour limiter les frais. Comme en témoigne Aurélie Loubes directrice de la communication de la Région Nouvelle Aquitaine :

Je peux comprendre la position des designers, mais nos concitoyens sont notre préoccupation. lls voient mal une collectivité dépenser des sommes considérables pour sa communication et son identité visuelle.

Reste à savoir si cette fusion des collectivités aura permis de réaliser de vraies économies, ou si elle n’aura pas plutôt eu pour conséquence d’entailler et diluer l’identité de nos régions…

3 Comments

  • Cédric dit :

    ????cet article. Très juste sur le #GrandEst. Tant sur la dénomination (non-sens) que sur l’image et le logo retenu (fade).
    Par contre un peu sévère, je trouve, avec une région au travail plus abouti comme #AuRA.
    Point de vue d’un non-prof. de la com’ 😉

    • Merci pour ce commentaire Cédric ! Content que l’article suscite un avis de votre part ! Je n’ai pas développé mon point de vue sur les logos. Mais à titre personnel je trouve effectivement que l’identité d’AuRA est la plus travaillée et la plus représentative de son territoire. Je faisais ici référence au symbole un peu en dessous de la ceinture qu’ont noté les twittos à l’epoque de sa sortie.

      Votre avis est précieux ! D’autant plus que je trouve dommage que dans l’article de Stratégies, point de départ de ce post, aucun citoyen n’ait été consulté pour débattre de la position ferme des communicants.

      Bon week-end à vous ! ????

      • Cédric dit :

        Cela eût été effectivement plus équilibré. Et une belle allégorie de ce qu’il aurait été souhaitable, à mon sens, de faire lors de la mise en place des nouvelles identités visuelles : associer la contribution citoyenne au regard des professionnels. Car une région a aussi et surtout pour vocation de vendre sa destination auprès d’investisseurs et de particuliers, en France comme en Europe. Et pour reprendre l’exemple de notre « beau Grand Est » (voyez, c’est déjà disgracieux comme formule), bonne chance aux ambassadeurs pour vendre notre destination !

        Bon we Stéphane 🙂

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