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Le Centre Pompidou Metz propose une exposition sur la couleur et son évolution dans les techniques artistiques. Visible depuis fin février, je viens seulement d’en apprendre l’existence. Le visuel d’expo et le site web suffisent à me convaincre d’y flâner et je ne suis pas déçu. Le Centre met en lumière des œuvres phares de son grand frère de Paris jusqu’au 22 juillet 2018.

Les galeries de Pompidou Metz sont sobres. Mais affreusement sombres. Les équipes font un excellent travail d’éclairage sur les œuvres, mais d’ordinaire je plisse sans arrêt les yeux dans ce musée. (Oui, pardon je porte des lunettes, donc c’est mieux quand on y voit clair…) Cependant cette fois-ci je ne suis pas gêné par le manque de luminosité tellement les œuvres présentées occupent l’espace par leur couleur, leur vif.

Dès 1810, explorant dans sa Théorie des couleurs les mécanismes optiques et physiologiques qui fondent le spectre chromatique, Goethe anticipait un affranchissement par la couleur pure et le monochrome. Pour Henri Matisse, près d’un siècle plus tard, la couleur est une véritable libération. Ses papiers découpés sont une jubilation rythmique qui inspirent les recherches plastiques tout au long de la seconde moitié du XXe siècle.

Planches gravées en couleur exécutées au pochoir d'après les gouaches découpées de Matisse.
Jazz, Planches gravées en couleur exécutées au pochoir d’après les gouaches découpées de Matisse.

Très bien pensée, l’exposition traverse les explorations de la couleur. De Matisse et ses papiers découpés au bleu international d’Yves Klein, la dimension des œuvres présentées rend la couleur totalement immersive. Je suis ravi de mettre le travail d’artistes sur la couleur comme vecteur d’emotion en parallèle du travail de branding et de communication. Ce parcours permet véritablement de prendre mesure et conscience de l’incarnation de la couleur. Que ce soit par la technique, le monochrome, le numérique, le collage, la peinture … les 4 espaces d’expo définissent un objet, une interaction, un sens avec le visiteur.

La visite s’articule autour de 4 rythmes :

Découper à vif dans la couleur : marqué par le travail d’Henri Matisse autour de ses papiers colorés, les compositions aux tons purs de Jean Dewasne ou encore Simon Hantaï et sa technique de pliage de la toile.

Bridget RIley, Red with red triptych, 2010, Huile sur lin.

L’aventure monochrome : Je suis impressionné par la recréation de l’œuvre d’Yves Klein et son pigment bleu. C’est le point de départ de bon nombre de cours d’arts plastiques de collège et je dois dire qu’ainsi présenté je redécouvre ma couleur favorite. On se laisse surprendre par d’autres incontournables comme Carré blanc sur fond Blanc de Kasimir Malevitch.

Yves Klein, Pigments Purs, 1957 (Installation originale) / 2018 (Recréation), Cadre en bois, sable et pigments bleus.
Yves Klein, Pigments Purs, 1957 (Installation originale) / 2018 (Recréation), Cadre en bois, sable et pigments bleus.

La couleur vivante : Ici tout est Pop Art, Martial Raysse met à l’œuvre la pureté de la couleur au travers de néons et installations faisant référence à la sur-sollicitation, la société de consommation émergente et sa propension à uniformiser la culture visuelle.

Andrea Branzi propose des projets basés sur une «architecture de la superproduction, de la surconsommation, de la surincitation à la consommation, du supermarché et de l’essence super», où la couleur tient une place prépondérante.

Martial Raysse, America America, 1964, Néon et Métal Peint.
Martial Raysse, America America, 1964, Néon et Métal Peint.

La couleur comme pensée : La couleur, élément industrialisé, doit provoquer une sensation visuelle immédiate et ne référer à rien d’autre qu’elle même. La couleur est normée, cadrée, en nuanciers commercialisés. Vous comprendrez de suite pourquoi cette phrase extraite de la scénographie de l’expo m’interpelle en bon communicant. C’est ainsi qu’au tournant des années 60 émergent des démarches minimalistes rappelant les tendances actuelles du flat et des teintes écrans.

Joseph Kosuth, 276 (On Color) [Yellow], 1990 - 2016, Néons et transformateurs.
Joseph Kosuth, 276 (On Color) [Yellow], 1990 – 2016, Néons et transformateurs.

Vous l’avez sans doute cerné. Derrière ce catalogue d’œuvres d’art se questionne toute la logique des stratégies et du design de marque. Autant vous dire que cette visite est un bain d’inspiration qui font du bien au créatif que je suis ! Je vous recommande férocement d’y jeter un œil avant le 22 juillet prochain.

Un commentaire

  • Pierre dit :

    Je suis passé à côté de cette expo qui a l’air passionnante, merci pour cet article! J’irai la voir à mon prochain passage en juillet grâce à vous! Bravo pour votre blog.

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